La chronique de Laura - #BSFF #2

La chronique de Laura - #BSFF #2

Après une escapade dans la très confortable salle du cinéma Le Vendôme, me voilà de retour ce samedi au QG du Brussels Short Film Festival, Le Flagey, devant lequel est installé le chapiteau du festival. Le lieu idéal pour boire un verre et échanger entre festivaliers.
Au programme aujourd’hui, la suite de la compétition internationale, avec des films venus de Croatie, de Tunisie, de Suisse et de France. Brotherhood, co-produit par la Tunisie, le Canada, le Qatar et la Suède, réalisé par Meryam Joobeur, met en scène un conflit familial sur font de guerre en Syrie. L’interprétation y est puissante et les enjeux très lourds, ne laissant personne indifférent. S’ensuit un court métrage croate, Lovebox (Ivan Turkovic-Krnjak), montrant les usages de #Tinder et la profonde solitude de ses utilisateurs, au réalisme presque dérangeant. Shiny Happy People de Mathilde Petit nous transporte dans un monde plus joyeux, où la joie est même la seule émotion tolérée. Dans sa dictature du sourire, un jeune homme peine à faire bonne figure après une rupture amoureuse. Cette satyre sociale fonctionne malgré une interprétation un peu faible, nous laissant avec le sourire, pas forcé celui-là.


J’assiste ensuite à une projection de la Next Generation, des courts métrages d’école. Le programme commence avec l’excellent Le Goût Framboise de David Noblet, récompensé pour sa musique originale au Festival international des scénaristes de Valence, suivant le dernier jour qu’une astronaute passe avec sa soeur avant son départ sans retour pour la mission Mars One. Le thème de l’espace est également abordé par Benjamin Pfohl dans Jupiter : une jeune fille sur le point d’accompagner ses parents dans un voyage vers Jupiter prend son destin en main. Les questions existentielles du « partir ou rester » n’ont jamais été aussi fortes. Avec Dolfin Megumi, Aharon Ori fait fuir les enfants de la salle, pour lesquels ce coup d’un soir entre deux hommes à Tel Aviv est peut être un peu trop explicite. La tendresse est cependant palpable, et la fragilité des sentiments dans ce début de relation est touchante. Après le portrait d’une mère célibataire vivant dans un squat bruxellois et luttant pour rester libre (Seedling de Benjamin Pfohl), la séance s’achève avec Simon pleure, de Sergio Guataquira Sarmiento. Après une rupture, Simon pleure. Seulement, c’est tout son corps qui pleure, des cheveux jusqu’au bout des doigts. « Tu transpires? » lui demande une jeune femme à la piscine. Non, il pleure. Le ton léger et absurde ne masque pas cependant la tristesse réelle du personnage, et apporte une douceur au propos, se finissant sur une touche d’espoir.
Cette petite dose d’humour se révèle bien nécessaire pour affronter la sélection qui suit, celle des European Film Awards, des courts métrages déjà primés dans de grands festivals tels Venise, Locarno, Clermont-Ferrand etc. Les ambiances y sont grises et dures, et les sujets peu fédérateurs. Une compétition de pigeons dans le sud de l’Espagne récompensant celui qui séduira et volera aux côtés de la femelle le plus longtemps, la disparition d’une femme polonaise dans une ferme en Allemagne et les conséquences pour sa seule collègue polonaise, l’errance d’une jeune fille et d’un jeune homme dans un parc aquatique abandonné au Portugal, et les remords d’un Israélien après avoir signé une pétition demandant à Radiohead de ne pas jouer de concert en Israël... Les sujets sont trop précis et arides pour saisir le public qui ne manifeste pas un grand enthousiasme. L’ultime film, L’Échappée de Laetitia Martinoni, parvient au moins à injecter un peu de gaieté et de poésie au tout : une femme atteinte du cancer s’invente un univers merveilleux pour vaincre la solitude, imaginant une romance avec son chirurgien (Alexis Michalik) dans un décor de conte de fées. Le message d’espoir et de courage a au moins le mérite d’être universel, même si le stratagème est un peu facile.
C’est là-dessus que s’achève mon aventure, courte mais intense, au Brussels Short Film Festival, qui continue jusqu’au 5 mai avec, en dehors des compétitions nationale et internationale, de nombreux autres programmes. Vous pourrez y découvrir une sélection intégralement sud coréenne qui promet d’être haute en couleurs, la Next Generation, des films nommés aux Oscars, les First European Short Film Audience Award (l’Eurovision du court métrage en collaboration avec 9 grands festivals européens), des séances pour les enfants ou encore en plein air. On aimerait toujours tout voir, mais comme le disent les totebags du festival, life is short, et mon séjour à Bruxelles également.