Le 27 juin 1985, la mythique Route 66 était rayée des cartes officielles (voir ci-dessous). Quarante ans plus tard, elle demeure une icône du cinéma américain. Des Raisins de la colère à Cars, cette route est plus qu’un itinéraire : c’est un décor de légende, un personnage à part entière du grand écran. Pour les réalisateurs, elle incarne à elle seule l’épopée américaine, entre rêves et désillusion.
Dès 1940, John Ford plante sa caméra sur la Route 66 pour adapter Les Raisins de la colère. Le film, tiré du roman de John Steinbeck, immortalise cette voie comme celle de l’exil et de la survie. Steinbeck la surnomme The Mother Road, la route-mère, celle par laquelle transitent les espoirs brisés de l’Amérique rurale.
Trente ans plus tard, Dennis Hopper et Peter Fonda reprennent le flambeau avec Easy Rider, road movie culte où les motos fendent le désert de l’Arizona jusqu’à Santa Monica. La 66 devient alors symbole de rébellion et d’errance psychédélique.
Dans les années 1980, elle sert de décor au thriller The Hitcher ou au motel décrépit de Bagdad Café, devenu lieu de pèlerinage cinéphile à Newberry Springs. Puis Thelma et Louise, Rain Man, Forrest Gump ou encore Little Miss Sunshine s’y sont arrêtés, chacun à leur manière, pour capturer l’essence du mythe américain.
En 2006, c’est Cars, le chef-d’œuvre d’animation signé John Lasseter, qui opère un véritable miracle culturel. Plus qu’un film, Cars est un hommage vibrant, documenté et bouleversant à la Route 66. Le réalisateur, passionné par le sujet, s’est entouré des meilleurs historiens, a sillonné la route pendant des mois et a recréé une Amérique oubliée avec une fidélité et une émotion rares dans l’animation contemporaine.
La ville fictive de Radiator Springs, inspirée de lieux bien réels comme Seligman ou Peach Springs, devient le cœur battant du film. À travers le personnage de Sally, le film raconte la tragédie silencieuse des petites villes sacrifiées par la construction des Interstates. Cars transforme l’autoroute en antagoniste, et la Route 66 en héroïne d’un récit de renaissance.
Effacée des cartes, mais jamais des mémoires, la Route 66 peut encore se parcourir et nombreux seront ceux qui célèbreront son centenaire en 2026. De Chicago à Santa Monica, près de 85 % de son tracé originel est conservé, jalonné de lieux cultes. Pour les amoureux du bitume, de la poussière et des néons, les guides spécialisés foisonnent :
route66roadtrip.com
route66news.com
Infos pratiques :
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Le déclassement de la Route 66 en 1985 fut l'aboutissement de décennies de transformation du paysage routier américain, marqué par l'essor du réseau des Interstate Highways.
Dès les années 1950, les États-Unis entreprirent la construction d'un vaste réseau d'autoroutes modernes. Ces nouvelles voies, plus rapides, plus directes et plus sûres, avaient pour but de faciliter le commerce, la défense nationale et les déplacements des citoyens. Progressivement, ces autoroutes ont remplacé des sections de la Route 66 sur la majeure partie de son tracé. Chaque fois qu'une nouvelle section d'Interstate était achevée et qu'elle rendait obsolète une portion de la 66, celle-ci était progressivement retirée du système des U.S. Highways. Le 27 juin 1985 marqua la finalisation de ce processus, avec la désignation de la dernière section contournée dans l'Arizona, signifiant que la Route 66 n'existait plus en tant qu'itinéraire continu et officiel à l'échelle nationale. Pour plus de détails sur l'histoire de son déclassement, vous pouvez consulter des ressources comme le site de l'
Patrice Caillet