EO - CANNES 2022

EO, de Jerzy Skolimowski
En compétition
#cannes2022
Par Jérémie.

Le monde est brutal.
L'esprit Cannes est enfin représenté, quand tu te retrouves en séance nocturne, devant un OVNI
cinématographique qui se veut bourrin (c'est peu de le dire) et engagé.
EO, vrai film d'auteur intelligent, suit les pérégrinations d'un âne, tiraillé de maîtres en maîtres,
jusqu’à connaître l’émancipation. La scène d’exposition, visuellement agressive, sera malheureusement prémonitoire…
Avec une mise en scène maîtrisée, c’est quasiment sans mots ; les interventions verbales humaines se faisant rare ;que le message passe : l’Homme est violent, cupide et hypocrite, face à la cause
animale. Et même face à ses frères.
Chaque étape de voyage de notre compagnon équin est prétexte à la barbarie des Homo Sapiens, pas si civilisés que ça en fin de compte. Séquestration, torture, meurtre : pas de doute, l’Homme sait, veut, et prend.
Avec un montage taillé au hachoir, des plans iconiques, et une musique tantôt organique, tantôt métallique, EO est cohérent, dans le fond et la forme. Et quelle bande son ! Le film se regarde,
comme il s’écoute. J’y ai même vu un parallèle criant avec le fameux Atom Earth Mother de Pink Floyd. Ici, le son ne subit ni ne soutient, il raconte.
Entre impuissance et compassion, une vérité subsiste : les animaux, plus que des objets des outils, ou des trophées, sont nos voisins.