La chronique de Laura - Atlantique, de Mati Diop - Compétition officielle, #Cannes2019
J’avais jusque là assisté aux séances du Festival de Cannes dans la salle Debussy du Palais des Festivals, et pour ma première séance dans la salle mythique du Palais, le Grand Théâtre Lumière, j’ai même eu l’occasion de fouler les fameuses marches.
Comme tout le public, cela dit, mais tout de même, c’est quelque chose. C’est donc avec une émotion particulière que je découvre Atlantique de Mati Diop, que l’on pourrait qualifier de conte mystique sénégalais.
Il y a de la magie dans ce film-là, pas seulement dans son scénario, mais dans l’atmosphère que la réalisatrice installe en filmant la ville de Dakar. Lorsque des ouvriers se révoltent contre leur patron qui ne les paye plus et décident de partir en mer, les vies d’Ada et des femmes de son entourage s’en retrouvent bouleversées. Son amant Souleiman faisait partie des jeunes hommes, et son mariage arrangé ne la réjouit pas. Mais pas de soumission maritale ici, le parti pris est résolument plus moderne et Ada rejette son mari sans états d’âme, se concentrant sur les étranges phénomènes qui se déroulent dans la ville, apparemment liés au retour de Souleiman.
Mati Diop nous transporte dans cette communauté et nous transmet leur croyance dans les djinns, ces esprits qui prennent possession des corps, rendant les yeux des possédé(e)s d’un blanc glacial. Les divers plans sur l’océan rythment le récit, soulignant l’absence de ceux qui ont pris la mer et les rêves et envies de celles qui sont restées. Le résultat est envoûtant et l’interprétation de la jeune Mame Bineta Sané y est pour beaucoup. Pas encore de date de sortie annoncée pour ce film, mais la standing ovation reçue à la fin de la projection augure bon pour sa carrière à venir.