Un Juif, un Chrétien, un Musulman : Fraternels ou Fratricides ? – Grignan, 1er juillet 2025
Il y a des soirs où l’on écoute plus qu’on ne regarde. Ce 1er juillet, dans la cour paisible du Château de Grignan, il ne s’agissait pas d’un simple spectacle. Il s’agissait d’une tentative. Un geste. Une expérience de pensée, de foi, et peut-être de paix ?
Le titre, déjà, dit tout :
« Un Juif, un Chrétien, un Musulman : Fraternels ou Fratricides ? »
Trois hommes, trois confessions, trois plumes affûtées et un même courage : celui d’écrire ensemble. De s’écrire, même.
Pendant plusieurs mois, Éric-Emmanuel Schmitt, Pierre Assouline et Abdennour Bidar ont échangé des lettres.
Ils y parlent de Dieu, bien sûr, mais aussi des murs, des ponts, des blessures de l’Histoire, des conflits d’aujourd’hui, de la peur de l’autre, et de ce que signifie – vraiment – être croyant en 2025.
Pas dans un débat de plateau télé. Mais dans l’intimité d’une parole posée, argumentée, même vulnérable parfois.
À Grignan, les auteurs eux-mêmes ont lu leurs lettres, mises en scène avec simplicité par Stéphan Druet. Trois voix, trois regards, pas toujours d’accord – et tant mieux. Mais toujours cette volonté farouche de ne pas céder à la caricature. De se parler. D’écouter. De construire, non pas une vérité commune, mais un respect réciproque.
Et la question qui revient comme un refrain :
« Si Dieu est le père, pourquoi les enfants se battent-ils ? »
La foi devrait-elle diviser ? Ou peut-elle, au contraire, servir de langage commun pour une fraternité enfin assumée ?
Ce n’était pas une leçon de morale. C’était plus fin que ça. Plus humain.
Avec des silences, des doutes, de l'humour parfois.
Et cette idée magnifique que frère ne veut pas dire semblable, mais responsable.
Dans le public, une écoute distraite ? ...non. Une vraie attention. Comme si chacun se souvenait que parler de religion, aujourd’hui, c’est souvent un terrain miné. Et que, justement, cette lecture permettait de poser les armes.
À Grignan, ce 1er juillet, dans la cour d’un château de pierre, trois hommes ont tenté un acte simple et immense : croire qu’on peut encore se parler, malgré les cicatrices, malgré les peurs, malgré les siècles.
Merci Messieurs
A.B – 1/07/2025