La chronique de Laura - Jeanne du Barry, de Maïwenn - Film d'ouverture Festival de Cannes 2023 Cannes, cru 2023.
Tous les regards de la profession sont braqués sur le festival, les statistiques de sa programmation, ses invités polémiques, son affiche féministe...
Et voilà que cette nouvelle édition s'ouvre avec un film qui regroupe tous ces sujets à la fois.
Maïwenn présente ici le film dont elle rêve depuis 16 ans, après avoir vu dans le même Grand Théâtre Lumière le Marie-Antoinette de Sofia Coppola.
Elle insuffle du caractère à ce personnage de favorite de Louis XV, campé par un Johnny Depp tout en nuances.
Entre eux deux, Benjamin Lavernhe tire son épingle du jeu en hissant son second rôle au rang de pilier du film.
Tout ici est somptueux, des décors aux costumes vraiment audacieux, en passant par la lumière, finement travaillée pour distinguer le privé du public.
La structure du film accompagne doucement la descente aux enfers d'une femme durement méprisée par l'entourage de son roi.
De touches d'humour cocasses en humiliations publiques, le film nous fait plonger dans la dépression de son héroïne, qui reste pourtant digne jusqu'au bout.
Pourtant, quelque chose manque. Le lien si fort entre Jeanne du Barry et le roi n'est que survolé, effleuré.
L'amour et l'humain pourtant au centre de cette histoire sont mis de côté au profit de la fresque historique, somme toute très réussie.
On y perd en puissance émotionnelle ce qu'on y gagne en force d'un portrait de femme sure de sa place et de sa légitimité.
Maïwenn signe à nouveau un film audacieux, indéfinissable, et réaffirme sa liberté et sa créativité absolues.
