Yann Arthus-Bertrand : "mourir avec le sourire"

08 septembre 2024
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Dans cette interview intime avec David Marmier pour "La Radio du Cinéma", Yann Arthus-Bertrand, photographe, réalisateur et écologiste engagé, nous plonge dans son parcours passionnant et ses réflexions profondes sur l’amour, la nature et la condition humaine. Présentant son dernier projet "France, histoire d'amour", il dévoile une nouvelle facette de son engagement, qui s’éloigne des paysages grandioses pour se concentrer sur les individus, leurs émotions et leur quotidien.

Des débuts cinématographiques à la photographie aérienne

À 18 ans, Arthus-Bertrand rêve d’une carrière dans le cinéma. Après quelques films, il découvre sa véritable passion en suivant sa femme Anne au Kenya pour une étude sur les lions. C’est là qu’il plonge dans la photographie, d’abord animalière, puis aérienne, après avoir travaillé comme pilote de montgolfière pour gagner sa vie. Cette découverte marquera un tournant décisif dans sa carrière.

La photographie aérienne devient rapidement son moyen d’expression privilégié. Son projet emblématique, "La Terre vue du ciel" (1992), un travail monumental sur les paysages du monde, rencontre un succès planétaire. En dépit du refus des musées de l’exposer, Yann Arthus-Bertrand révolutionne l’art photographique en organisant des expositions en plein air, notamment à Paris, qui attireront des millions de visiteurs.

Un engagement écologiste profondément humain

L’engagement de Yann Arthus-Bertrand pour l’écologie est indissociable de son travail artistique. À travers ses œuvres, il ne se contente pas de capturer la beauté du monde, mais cherche à sensibiliser le public aux défis environnementaux. Son documentaire "Home", produit avec Luc Besson, a été vu à travers le monde, notamment lors d’une diffusion en prime time en Chine. Ce succès témoigne de l’impact universel de ses messages.

Cependant, Arthus-Bertrand ne se limite pas à l’écologie "classique". Dans cette interview, il se confie sur son désir d’explorer un concept parfois délaissé dans nos sociétés : l’amour. "Je ne comprends pas qu’on n’ait pas plus d’amour pour la vie, pour les animaux", déclare-t-il, en exprimant son choc face aux souffrances du monde, qu’il s’agisse des conflits internationaux ou de l’industrie de la viande. Selon lui, l’amour, sous toutes ses formes, est essentiel pour bâtir un avenir plus juste et harmonieux.

"France, histoire d’amour" : Un road movie intime

Son dernier film, "France, histoire d'amour", réalisé avec un iPhone lors d’un voyage à travers la France, se distingue par sa simplicité technique et son approche humaine. Il s’agit d’un road movie qui met en lumière les histoires de gens ordinaires mais extraordinaires, que Yann Arthus-Bertrand rencontre au fil de son périple. Ce film, tourné avec une voiture électrique, reflète son attachement à l’écologie et à l’amour, deux thèmes récurrents de son œuvre.

Touché par ces rencontres, il se décrit aujourd’hui comme un "photographe de l’amour". Les portraits qu’il capture sont plus que de simples images ; ils révèlent des moments de tendresse, d’amitié et d’émotion partagés entre les individus. "Je pleure beaucoup dans ce film", avoue-t-il, en évoquant la profondeur des histoires qu’il immortalise.

Un appel à l’action

Pour Arthus-Bertrand, l’engagement n’est pas seulement un choix artistique, mais une responsabilité morale. "Agir rend heureux", affirme-t-il avec conviction, en rappelant que chacun, à son échelle, peut contribuer à rendre le monde meilleur. Qu’il s’agisse de manger bio, de réduire sa consommation de viande ou de vivre de manière plus respectueuse de la planète, il insiste sur le fait que l’action individuelle est la clé pour préserver notre avenir commun.

À 78 ans, Yann Arthus-Bertrand reste fidèle à lui-même : un homme passionné, toujours en quête de sens, qui croit fermement en la capacité de l’humanité à se réinventer. "Je m'améliore avec le temps", dit-il avec une humilité désarmante. Pour lui, la beauté véritable ne réside pas plus dans les paysages grandioses qu’il a tant photographiés, que sur les visages des gens qui peuplent notre monde.


Photo: David Marmier