Un film d’action auto-produit, tourné en 19 jours, pour 100 000 euros, sans l’aval du CNC, sans assurance de distribution : RED BIRD, c’est pas du cinéma. C’est un acte de résistance.
Un pari en mode kamikaze
Marseille, décembre 2024. Trois mecs — Alexandre Laugier, Thomas Habibes & Houssam Adili — décident de faire un film d’action, à l’ancienne. Pas de studio. Pas d’aide publique. Juste une caméra 6K, des bastons chorégraphiées à la main, des potes motivés et une deadline militaire : 125 séquences en moins de 20 jours. Et ça tourne, tous les jours, sans pause. En pleine rue. Avec les flics parfois sur le dos. Et un budget qui ferait rire Netflix : 100 000 euros.
Le pitch ? Un flic mort. Un fils en rage.
Max apprend que son père, alias "Red Bird", flic infiltré, est mort dans un accident louche. Pas convaincu par la version officielle, il remonte la piste du Projet Stardust — un cartel local qui veut rafler le business de la dope. Et ça cogne. Ça flingue. Ça cavale. Mais plus Max creuse, plus ça pue le complot. Et la vengeance devient quête de vérité.
Un cinéma qui sent la sueur
RED BIRD, c’est pas un concept. C’est du concret. 70 pages de scénario tournées avec deux caméras, des lumières bricolées, et des cascadeurs qui bossent sans filet. C’est un film qui n’a pas attendu qu’on lui donne la permission d’exister. Il s’est juste fait. En mode Jackie Chan meets Banlieue 13, avec Marseille en décor brut et sans fard.
Le genre en France : toujours persona non grata ?
En France, les chiffres sont clairs : entre 5 et 8 % des films produits sont des genres (horreur, action, thriller). Et pourtant, 48 % des Français disent préférer les films d’action. Contradiction ? Non : frilosité des institutions, refus de prise de risque, formatage des aides à la production. Résultat : les films de genre se font dans la marge… ou pas du tout. Mais le fond du concept n'est-il pas là ?
RED BIRD, contre-exemple musclé
Ce que prouve RED BIRD, c’est qu’on peut encore faire du cinéma de genre en France. Pour peu qu’on accepte de perdre du confort. Et de transpirer. Le film a déjà été repéré dans plusieurs festivals européens, salué pour sa "rage d’exister" et son "énergie brute". Sortie nationale le 7 janvier 2026. Pas sur une plateforme. En salle. Et c’est pas rien.
Le cinéma qui cogne n’est pas mort
RED BIRD, c’est pas qu’un film. C’est une claque. Une preuve vivante que quand le système ferme les portes, il reste les poings. Et que parfois, ça suffit.
RED BIRD n’est pas seul
Des films totalement autoproduits parviennent à exister. À sortir. À voyager. Exemple: 7 Jours en Juin, réalisé par David Aboucaya, passionné de reconstitution militaire et déjà auteur de plusieurs films de guerre.
Le film a été tourné en 16 jours en Normandie, avec un budget microscopique mais une ambition claire : restituer l’urgence des combats du D-Day à travers le destin d’un petit groupe de parachutistes américains. On y suit sept soldats perdus en territoire ennemi entre le 6 et le 13 juin 1944, piégés dans une série d’affrontements.
Pas de fonds publics. Pas de grosses têtes d’affiche. Mais une reconstitution minutieuse, des décors naturels, des uniformes et armes d’époque, un montage intense… et une vraie rigueur historique. Résultat : une sortie en salles prévue le 19 novembre 2025, un doublage américain en cours via Koan Inc..
Ce film, comme RED BIRD, prouve qu’il existe une micro-industrie parallèle — un cinéma de combat, de conviction, qui n’attend pas qu’on lui tende un tapis rouge pour avancer. Un cinéma qui s’impose, film après film, hors du cadre — mais pas hors du monde.
La Radio du Cinéma soutient les films qui sortent du cadre. À suivre sur notre antenne et nos réseaux.