Au premier jour du Festival de la Correspondance de Grignan 2025, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson questionne la dromomanie, cette « pathologie du mouvement » qui le pousse sans cesse vers l’inconnu. Entre récits de périples extrêmes et réflexions littéraires, il propose une vision politique et spirituelle du voyage, où liberté rime avec projet et destination.
De la Sibérie au désert de Gobi : récits d’une dromomanie maîtrisée
Invité du festival, Sylvain Tesson retrace ses itinéraires hors du commun : du cercle polaire arctique au désert de Gobi, de l’Himalaya aux rives de l’Inde. Plus qu’une fuite, chaque expédition naît d’un concept : comprendre l’évasion et la liberté en refaisant par exemple la route des évadés du Goulag ou l'ascension des stacks du monde, ces reliefs façonnés par l’érosion marine, qui ont pris l’allure d’un pilier, d’une aiguille ou d’un pinacle de pierre, détaché du littoral, comme l’"Aiguille" d'Étretat.
Quand l’appel du Christ résonne chez Byron
Pour Sylvain Tesson, partir, ce n'est pas mourir un peu mais vivre beaucoup, prolonger l’appel biblique « Lève-toi et suis-moi » (Évangile selon Matthieu), repris deux millénaires plus tard par Lord Byron dans son “Again to the Sea”. Ce pont entre mystique et romantisme met en lumière une « utopie politique » : la mobilité comme moteur d’une démocratie vivante.
Errance ou destination ? L’équilibre essentiel
Si la littérature célèbre la dérive – chevaliers de Brocéliande ou routards de la Beat Generation –, l’écrivain prône un mouvement de la liberté guidé par une destination précise. Choisir un point d’arrivée, c’est donner un sens à chaque pas et transformer l’errance en véritable expérience spirituelle.
Une vision politique du voyage
Sa conférence esquisse une utopie : débarrassés des entraves sociales et institutionnelles, les individus deviennent acteurs d’un élan collectif vers l’émancipation. Loin de fuir le monde, le voyage redessine ses contours et affirme que la liberté se conquiert… en mouvement.
