Présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise, l'étranger est une adaptation soignée du roman culte de Camus, signée François Ozon. Avec Benjamin Voisin dans le rôle de Meursault, ce film en noir et blanc propose une plongée (propre et figurée) sensorielle dans l’Algérie des années 1930, et s’adresse à un public curieux de cinéma littéraire et atmosphérique.
Le film de François Ozon ne cherche pas à moderniser le texte à tout prix. Il en épouse au contraire la structure et l’énigme, en explorant le regard intérieur d’un homme à distance du monde. Une proposition qui pourra séduire :
- Les passionnés de littérature française, pour qui l’adaptation respecte l’esprit du texte original.
- Les amateurs de mise en scène esthétique, sensibles au noir et blanc travaillé de Manu Dacosse et aux jeux d’ombre.
- Les spectateurs curieux de cinéma introspectif, porté par un personnage principal à la fois opaque et fascinant.
- Les cinéphiles attachés à l'œuvre de François Ozon, dont c’est ici la cinquième collaboration avec Benjamin Voisin après Été 85.
Le film ne cherche pas à tout expliquer ni à juger. Il laisse place au mystère, à l’ambiguïté, à la réflexion. Cela peut désarçonner certains, mais c’est aussi ce qui en fait la richesse.
Un film qui résonne avec les questions d’aujourd’hui
En donnant un nom et une présence à la sœur de la victime, en soulignant les rapports sociaux et les tensions coloniales, François Ozon propose une lecture contextuelle de Camus sans l’actualiser de force. Le film interroge l’absurde, le silence, le regard sur l’autre, la justice. Des thématiques qui résonnent fortement à l’ère des grands bouleversements identitaires et moraux.
Une ambiance
Le travail visuel et sonore crée une expérience de cinéma total : prison, plage, silence, voix intérieures... tout participe à une forme d’hypnose lente. La musique de Fatima Al Qadiri accompagne cette tension avec discrétion, entre nappes électroniques et souffle méditatif.