Le Secret des mésanges
Sortie en salle : 22 octobre 2025
« Il n’y a pas de méchant dans le film. Juste des êtres qu’il faut apprendre à connaître. » Antoine Lanciaux signe avec Le Secret des mésanges un conte d’animation poétique, entièrement réalisé en papier découpé. Un travail artisanal rare, porté par une équipe fidèle et passionnée, qui redonne au mot “film d’auteur” toute sa noblesse.
Une enquête au cœur de l’enfance
Lucie a neuf ans. Sa mère est archéologue. Et cet été-là, au cœur de la campagne où elle a grandi, la petite fille mène sa propre enquête, à la recherche d’un secret de famille enfoui. Voilà pour le point de départ du nouveau long-métrage d'Antoine Lanciaux, cinéaste à la sensibilité fine et au goût prononcé pour la transmission.
Dans cette quête intime, les silences parlent autant que les mots, et les mésanges — véritables messagères dans le film — accompagnent l’héroïne avec la délicatesse de fées bienveillantes.
Un film cousu main, image par image
« Je suis un artisan plus qu’un artiste. » Cette phrase d’Antoine Lanciaux résume l’essence même du projet. À mille lieues des blockbusters animés générés en 3D, Le Secret des mésanges est un hommage vibrant à l’animation en papier découpé, une technique patiemment travaillée au sein de l’atelier Folimage.
« Les personnages sont animés comme des pantins, comme ceux qu’on fabriquait enfants, sauf qu’ils ont été animés image par image, à raison d'une journée de travail pour 6 secondes de film. » Ce temps long, revendiqué, offre au film une texture rare, presque tactile. Chaque geste est chorégraphié, chaque plan habité.
Dès les premières secondes, le spectateur habitué aux images de synthèse est déstabilisé par l’esthétique singulière du découpage papier. Cette technique artisanale, rare à l’ère du tout-numérique, capte l’œil par sa précision et sa texture tangible. Mais très vite, l’attention bascule : l’animation cesse d’être perçue comme un procédé visuel, pour se fondre au service du récit, et finalement absorber le spectateur dans le déroulement narratif.
Une chanson de Brassens comme manifeste
Parmi les nombreuses couches poétiques du film, une chanson : La mauvaise réputation de Georges Brassens. « J’ai appris la guitare avec Brassens », confie Antoine Lanciaux. Ce lien personnel infuse le film tout comme le décor inspiré par la Drôme où réside le réalisateur.
Comme dans la chanson, le film célèbre ceux qui marchent à contre-courant, les figures marginalisées. Et pose une question essentielle : comment vivre ensemble ?
Un film sans méchant, une rareté
Pas de figure maléfique ici. « Je m’impose de raconter des histoires sans méchant », explique Antoine Lanciaux. Une posture presque radicale à l’heure du manichéisme narratif omniprésent. Pour lui, les enfants peuvent comprendre la complexité du monde sans qu’on leur serve des gentils et des méchants tout désignés.
Le film devient alors un apprentissage de la nuance, de l’écoute, de l’altérité. Un miroir pour petits et grands.
Les mésanges, sentinelles fragiles et poétiques
Depuis qu’il les anime, Antoine Lanciaux ne regarde plus les mésanges de la même manière. Et nous non plus. « Ce sont comme des petites fées qui veillent sur nous », glisse-t-il avec émotion. En toile de fond, une réalité plus sombre : la fragilité de ces oiseaux, menacés comme tant d’autres espèces.
Sans appuyer le propos, Le Secret des mésanges nous invite à ralentir, observer, ressentir. À faire du cinéma un lieu d’éveil, de douceur et de partage.
Et après ?
Malgré les obstacles de production, Antoine Lanciaux ne s’est jamais arrêté. Il planche déjà sur deux nouveaux projets, toujours en papier découpé, dont l’un co-signé avec son complice Pierre-Luc Granjon. « Un film en appelle un autre. Et si celui-ci touche son public, on pourra continuer. »