C’était mieux demain : Elsa Zylberstein et Didier Bourdon dans une comédie temporelle sur l’amour et le temps qui passe

14 septembre 2025
Télécharger le podcast

Avec C'était mieux demain, Vinciane Millereau signe un premier long-métrage à la fois drôle, malin et terriblement actuel, porté par un duo d’acteurs complices : Elsa Zylberstein et Didier Bourdon. Une fantaisie temporelle qui dit beaucoup sur le couple, la société et les illusions perdues... avec humour et panache.

L'utopie d'hier face aux fractures d'aujourd'hui

Malgré les qualités que l'on peut aujourd’hui reconnaître aux années 50 — stabilité, soin du lien social, valorisation du travail bien fait — il serait dangereux d’en faire un « âge d’or ». Derriere cette harmonie apparente, une grande partie de la population vivait marginalisée, silencée ou enfermée dans des rôles rigides : les femmes cantonnées à la sphère domestique, les sexualités dissidentes réprimées, les identités minoritaires invisibilisées.

Ce regard critique est précisément ce que propose C’était mieux demain, en révélant les illusions du passé et les désillusions du présent. Il ne s’agit pas de trancher entre « hier » et « aujourd’hui », mais d’interroger notre rapport au temps, à la mémoire, à ce que nous voulons vraiment conserver ou transformer. Car peut-être que la meilleure époque, ce n’est ni celle d’hier ni celle de demain — mais celle que l’on choisit de construire collectivement, à partir d’un regard lucide sur les deux.

"On a la vision des années 50 et celle de 2025"

Hélène, Michel, deux enfants, une maison et l'insouciance d'une France d'avant la Vème République. Le quotidien d'un couple bien installé, jusqu'à ce que... "une machine à laver gagnée avec les points Bonux", ouvre une faille temporelle. Et voilà toute la famille projetée en 2025. Fini la ceinture paternelle, place à la carte bleue et aux maisons connectées.

Une comédie intelligente, jamais manichéenne

Le couple atterrit dans un monde nouveau : Hélène est devenue patronne, Michel au chômage, et les enfants... méconnaissables. Didier Bourdon incarne avec subtilité ce "père fouettard dépassé par l'époque" qui se découvre vulnérable et attendrissant. À ses côtés, Elsa Zylberstein campe une Hélène en émancipation, qui passe de la robe cintrée à la veste-pantalon sans renier son passé.

"C'était mieux demain" est une comédie sur les illusions du passé et les désillusions du présent. Vinciane Millereau refuse les raccourcis : "Je ne voulais juger aucune époque. Ni idolâtrer les années 50, ni encenser 2025. C'est un film sur le couple et la transmission."

Un film, deux acteurs, mille nuances

À travers leurs parcours croisés, Elsa Zylberstein et Didier Bourdon donnent à voir toute la complexité de l'évolution sociale. De la peur de la liberté à l'émancipation, de la perte de repères à la reconstruction, C'était mieux demain parle d'amour, de transmission, de renoncements et de réinventions. Et ce sans jamais tomber dans le didactisme ou le pathos.

La mise en scène, assumée comme une sorte de conte, permet une liberté de ton jubilatoire. "Je voulais que les années 2025 soient filmées comme un film d'horreur vu par ceux qui arrivent des années 50", s'amuse Vinciane Millereau. Ce décalage de regard, c'est tout le charme de cette comédie douce-amère.

Infos pratiques