Vincent LINDON, ou la quête d'authenticité

21 septembre 2024
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Dans le monde du cinéma français, peu d’acteurs parviennent à allier carrière fulgurante et humilité aussi naturellement que Vincent Lindon. 
 
Ce samedi 21 septembre, lors d'une conversation ouverte au Festival de l'Ecrit à l'écran, Vincent- Lindon a partagé ses réflexions sur son métier, son engagement envers son art et son désir de tisser des liaisons authentiques avec les autres, un échange mené d'une main de maître par le présentateur Thomas Snegaroff.
Dans un paysage où le scintillement des célébrités peut parfois éclipser l’essence même de l’art, l’acteur montre une voie résolument tournée vers l’autre.

Lors de l'interview, il a insisté sur la nature instinctive de son métier, affirmant : « Je ne choisis pas ce métier pour l’attention ; je le fais par amour du jeu et du cinéma. ». Il a évoqué ses rôles avec un respect presque sacré, développant avec eux une relation intime qui résonne avec les enjeux humains auxquels il fait face à l’écran. Chaque personnage qu'il incarne devient, par son intermédiaire, une porte d'entrée vers d'autres existences, d'autres perspectives..., une réflexion poussée qui a pu à quelques moments perde l'auditoire tant les mots étaient naturels et "instinctifs".

À l'occasion de la Mostra de Venise, où il a reçu le prix d’interprétation, Vincent Lindon ne s'est pas contenté pas de célébrer sa réussite personnelle ; il a  aussi  évoqué l’importance de l'accueil du public. Pour lui, le véritable succès réside non pas dans les "prix", mais dans l’impact émotionnel qu’un film peut créer. « Si je peux toucher ne serait-ce qu’une personne, alors mon travail en vaut la peine », explique-t-il.
Avec une humilité frappante, il a souligné : « Je ne sais pas comment définir mon engagement, mais je sais qu’il est nécessaire. » Ce besoin de s’impliquer, que ce soit par le biais de ses choix de rôles ou dans sa vie quotidienne, témoigne d'une conscience aiguë de son rôle d’artiste. Pour lui, l’art ne sert pas seulement à divertir ; il doit nourrir la mémoire collective.

Évoquant la figure emblématique d’Alain Delon en début de rencontre, Vincent Lindon s'est livré à un hommage poignant. Il a partage des souvenirs de leur relation, révélant la profondeur des liens tissés au sein de la profession. « Delon a été un pilier dans ma carrière », confie-t-il, « son influence a nourri mon désir de devenir un meilleur artiste et un meilleur homme. » Ce retour sur ses racines nous a même rappelé  que même les artistes les plus célèbres ne s’épanouissent pas seuls ; ils s’inscrivent dans un continuum d’échanges et de respect, renforçant l’idée d’une communauté artistique.

Malgré la profondeur de ses réflexions, il a aussi su faire preuve d’autodérision et d'humour. Des anecdotes personnelles sur les aléas du tournage aux moments imprévus de sa vie quotidienne.. Ce sens de l’humour authentique, loin de masquer ses préoccupations, dévoile un homme en phase avec lui-même. Comme il le dit si bien : « La vie est trop courte pour ne pas en rire. » Ce penchant pour la plaisanterie ne fait qu'ajouter à son charisme, permettant au public de se rapprocher de lui, en ont témoigné les mots de certains et certaines dans le grand théâtre de Montélimar.

Dans un monde où les lumières de la célébrité peuvent parfois éclipser l’essentiel, Vincent Lindon rappelle que l’art est avant tout une passerelle vers les autres.
 Il incarne la sincérité, l’engagement et la profondeur humaine, des valeurs profondément ancrées dans son parcours et sa vision de l'art. 
 
Un bon point pour le  Festival l'Ecrit à l'écran avec ce casting de qualité : Un échange structurant, une bouffé d'air pour les "vrais" amoureux du cinéma.
Amandine Bacconnier