"Le Garçon" de Zabou Breitman, un objet cinématographique à identifier

27 mars 2025
Télécharger le podcast

Par Manuel Houssais

Avec Le Garçon, Zabou Breitman et Florent Vassault signent une œuvre hybride, entre documentaire et fiction, un projet cinématographique audacieux qui questionne notre rapport aux images et à la mémoire. Un voyage sensoriel et mélancolique qui résonne en chacun de nous.

Une expérience cinématographique inclassable

Zabou Breitman le dit elle-même : Le Garçon ne rentre dans aucune case. Ce n'est ni un documentaire pur, ni une fiction traditionnelle, mais un "tissage" des deux, où réel et imaginaire s'entremêlent. L'idée est partie d'un pari osé : retrouver l'histoire d'un inconnu à travers des photos de famille anonymes. Le cinéaste Florent Vassault se charge de l'enquête documentaire tandis que Zabou Breitman imagine des scènes fictionnelles inspirées des clichés.

"On part avec rien", explique la réalisatrice. "On trouve des photos, on tente de découvrir l'histoire de la personne. Moi, je brode autour en inventant." Ainsi naît une narration fragmentée, en perpétuel mouvement, qui révèle peu à peu ses intentions.

Un casting entre fiction et réel

Pour donner vie à ce Garçon, Zabou Breitman fait appel à des comédiens confirmés comme Isabelle Nanty, François Berléand, Florence Muller ou encore Damien Sobiraph, qui incarne le personnage principal à 25 ans. La fiction se nourrit des documents réels rassemblés par Florent Vassault, mais aussi des témoignages d'inconnus qu'il rencontre.

"Il m'envoyait des textes de personnes croisées au fil de son enquête, et je les donnais aux acteurs comme s'il s'agissait de dialogues d'auteurs," dévoile Zabou Breitman. Une approche qui renforce le trouble entre vérité et invention.

Un puzzle mélancolique et universel

La force de Le Garçon réside dans son aspect universel. "Tout le monde a cette photo là", confie Zabou Breitman, soulignant l'aspect familier et intime du projet. Ce film invite chacun à une réflexion sur le temps qui passe et sur les souvenirs que nous portons en nous.

L’œuvre joue avec le concept de la mémoire, et offre au spectateur un jeu de piste où il devient lui-même acteur de l’histoire. "On lui donne les clés sans qu’il le sache, et au bout d’un moment, il décode," explique la réalisatrice.

Un film porté par le bouche-à-oreille

Projet cinématographique singulier, Le Garçon se démarque par sa construction atypique et sa fabrication artisanale. "On n'avait pas de scénario, pas de budget confortable, juste du temps pour laisser décanter les choses", raconte Zabou Breitman. Un an et demi de montage aura été nécessaire pour finaliser ce travail de dentelle.

L’engouement du public est essentiel à la vie du film. "Ce sont les spectateurs qui vont devenir les ambassadeurs de ce projet," assure la réalisatrice. L’accueil enthousiaste lors des projections renforce cette idée d’une œuvre qui appartient à chacun.

Entre réalité et fiction, investigation et introspection, Le Garçon est une expérience cinématographique rare, une invitation à explorer nos souvenirs communs et à questionner la frontière entre l’image et le récit.