David Foenkinos : pourquoi ses livres n’ont plus vocation à être adaptés au cinéma

06 juillet 2025
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Écrivain à succès et réalisateur, David Foenkinos cultive une relation singulière avec le cinéma. Si son œuvre littéraire a parfois inspiré le grand écran, l’auteur de La Délicatesse affirme aujourd’hui une séparation nette entre ces deux univers. « Je n’écris pas un roman en imaginant qu’il deviendra un film », confie-t-il lors de notre échange, évoquant ses choix d’adaptation, ses refus récents, et sa vision de la narration visuelle.

David Foenkinos ne voit pas le cinéma comme une extension de son travail d’écrivain. Pour lui, il s’agit de « deux choses totalement annexes, même si elles ont des échos très forts ». Ce rapport complexe prend racine dès son premier long-métrage coréalisé avec son frère Stéphane Foenkinos, La Délicatesse, adaptation de son propre roman puis Je vais mieux de Jean-Pierre Améris et enfin Le Mystère Henri Pick en 2019. Mais par la suite, il s’éloigne de ce schéma. Jalouse, Les Fantasmes, sont des œuvres originales, non tirées de livres.

Si ses récits sont souvent qualifiés de « cinématographiques », l’auteur se garde bien de transformer systématiquement ses textes en films : « J’ai refusé toutes les adaptations récemment, même pour La vie heureuse ou Vers la beauté », précise-t-il, avant d’ajouter : « J’aime l’idée qu’un livre reste un livre ».

La différence de rythme entre les deux formats semble cruciale. « Le cinéma est soumis à la performance narrative, il faut faire avancer l’histoire. En littérature, on a le temps d’explorer la psychologie la plus intime », explique-t-il, soulignant cette liberté précieuse qu’offre l’écrit.

À ceux qui s’étonnent de certains choix de casting, comme Audrey Tautou dans La Délicatesse, David Foenkinos répond avec humour : « Je n’ai jamais écrit la couleur des cheveux de Nathalie. Certains ont imaginé une blonde, mais j’ai juste évoqué une "féminité suisse" ». Il s’amuse de ces interprétations, mais préfère aujourd’hui préserver l’imaginaire du lecteur. « Vers la beauté est un de mes romans les plus lus, et j’aurais du mal à voir quelqu’un incarner ces personnages. »

Et si un réalisateur de renom venait à lui proposer une adaptation ? « Il faudrait que ce soit exceptionnel. Un Paul Thomas Anderson, un Noah Baumbach, ou un Arnaud Desplechin… », concède-t-il, sourire en coin.

Infos pratiques :

La Délicatesse, Jalouse, Les Fantasmes : à (re)voir en VOD ou en DVD. Derniers romans de David Foenkinos à découvrir : La vie heureuse et Vers la beauté.