
Après s’être illustré à la télévision avec des séries comme Le Bureau des légendes, Baron noir ou encore Oussekine, Antoine Chevrollier réalise son premier long-métrage, La Pampa. Ce drame ancré dans son village natal, Longué-Jumelles en région Pays de la Loire, interroge la violence du collectif face à la singularité de l’individu, sur fond de motocross et de relations d’adolescence mises à l’épreuve.
Un entretien de Manuel Houssais pour La Radio Du Cinéma
Un film ancré dans les racines d’Antoine Chevrollier
Antoine Chevrollier a choisi de situer l’intrigue de La Pampa dans le Maine-et-Loire, une région qui l’a vu grandir. Pour lui, ce cadre s’est imposé naturellement au fil de l’écriture, comme il l’explique :
"J’avais beau imaginer que le film se passait ailleurs, toutes les sensations et toutes les images me ramenaient à mon village et à ma région natale."
À travers ce décor familier, le réalisateur explore des thématiques universelles : l’appartenance à une communauté, les normes imposées par le groupe et l’impact d’un secret révélé au grand jour.
Une amitié confrontée aux regards des autres
L’histoire suit Willy et Jojo, deux amis inséparables qui passent leurs journées entre les bancs du lycée et les terrains de motocross. Mais un secret que Jojo cache va être dévoilé brutalement, bouleversant l’équilibre du village et remettant en question leur amitié.
Antoine Chevrollier s’interroge sur la manière dont une communauté réagit face à la différence. Il met en scène un microcosme où la virilité et les codes sociaux dictent les comportements, créant ainsi une tension dramatique autour de l’acceptation et du rejet.
Un casting de professionnels et de nouveaux visages
Pour donner vie à cette histoire, Antoine Chevrollier a travaillé avec Sayyid El Alami (Oussekine) et Amaury Foucher, issu d’un casting sauvage, incarnent Willy et Jojo avec intensité. Autour d’eux, on retrouve Damien Bonnard, Artus et Léonie Dahan-Lamort, ainsi que des acteurs non professionnels, notamment une jeune comédienne du village du réalisateur.
"On a pensé le casting comme une alchimie, en mêlant acteurs professionnels et nouveaux visages pour donner une authenticité au film."
Un terrain de motocross comme arène sociale
Si le motocross est omniprésent dans La Pampa, ce n’est pas tant la pratique sportive qui intéresse Antoine Chevrollier que l’univers qu’elle représente.
"Ce qui me fascinait, c’était moins la moto que les comportements des hommes autour, ces codes de masculinité ostentatoire."
Le circuit devient alors un théâtre où se joue la mécanique des relations humaines, amplifiée par la tension qui traverse tout le film.
Une bande-originale immersive signée Ievgueni et Sacha Galpérine
Pour la musique, Antoine Chevrollier a fait appel aux frères Galpérine (Loveless, Oussekine), avec qui il collabore depuis plusieurs projets. Une particularité de cette bande-son réside dans son approche intuitive :
"Je ne leur ai pas donné le scénario. On a travaillé sur des impressions, des images, des notes de piano envoyées pendant le tournage."
Cette méthode a permis de créer une ambiance sonore en parfaite symbiose avec les émotions du film.
Un premier long-métrage entre réalisme et émotion
Avec La Pampa, Antoine Chevrollier livre un film personnel et intense, porté par une mise en scène soignée et des comédiens investis. Entre amitié, découverte de soi et poids du regard des autres, ce drame offre une réflexion sensible sur la jeunesse et l’identité.
Sortie en salles le 5 février.